Moulin d’Esfoz

Historique du Moulin d’Esfoz

D’après l’historien des moulins Alain PROUST, suite à son expertise, et d’après tous les éléments historiques connus.

Il est difficile de se prononcer sur la date de l’établissement du moulin. Il n’y a pas de traces qui permettent de le déterminer avec certitude, toutefois, la plupart des moulins sont implantés dès le XIIIème siècle, construits en bois, ils sont remaniés au XVème siècle, la pierre remplace alors le bois notamment pour les soubassements, dès le XVIème siècle ils sont intégralement en pierre. Nous retrouvons dans la plupart des petits moulins, les fondations caractéristiques de cette époque.
Le moulin d’Esfoz a des fondations qui peuvent faire penser aux fondations des moulins du XVème siècle. En raison d’une construction sur le rocher, les fondations sont moins profondes. Il est donc difficile de se prononcer avec certitude. En revanche, l’installation du système de meunerie dans la première pièce du bâtiment, la dimension de cette pièce, les traces de la fosse permettent de dire que le moulin a été remanié ou plutôt reconstruit fin du XVIIème siècle vraisemblablement après le tremblement de terre du 12 mai 1682 qui avait détruit une bonne partie du village (épicentre du tremblement de terre dans les environs de Remiremont, sinistre considéré comme l’événement majeur de l’histoire sismique des Vosges)
La construction de l’actuel moulin remonte au tout début XVIIIème siècle. Le moulin à farine dit moulin d’Esfoz figure sur la carte de Cassini (1760). À cette époque, le moulin était composé de deux roues à augets d’environ 4.50m de diamètre et d’un mètre de large alimentées par un bief qui permettait un débit de 200 litres/seconde. La première roue actionnait deux paires de meules, les élévateurs à farine et les Bluteries. La seconde roue actionnait une Ribe pour une production d’huile.
En 1826 Il devient la propriété de Marc-Xavier Petitjean puis quatre générations de la Famille DAVAL : Ferréol, Jules, Georges, Gérard et Henry (les deux frères). En 1936, le moulin est converti en minoterie, équipée de deux appareils à cylindres actionnés par une turbine Francis. Une seconde turbine est mise en place en 1941 pour fournir l’électricité du moulin et du hameau d’Esfoz (110 V). L’atelier de fabrication est rehaussé d’un étage en 1942 pour accueillir un plansichter. . Outre les machines de la minoterie, la deuxième turbine actionnait un petit atelier de menuiserie, situé à l’étage de soubassement et à usage personnel du minotier, composé d’une dégauchisseuse, d’une raboteuse, d’une mortaiseuse à mèche, d’une perceuse à colonne, d’une scie à ruban et d’un tour. En 2002, la minoterie abritait une paire de meules, un appareil à cylindres (broyage) E. A. Renault (La ferté-sur-Aube, 52) et un appareil à cylindres (finissage) Bosshardt-Uhler, (Dijon, 21) un plansichter, un démoucheteur, un nettoyeur, une mélangeuse, une turbine Jean Duchêne (Fresse-sur-Moselle, 88) , une dynamo des Constructions Électriques de Nancy et un moteur électrique J. Rochard (Belfort, 90). Une des particularités de ce moulin est que les deux turbines avaient été conçues pour être couplées ensemble afin d’assurer en même temps le fonctionnement du moulin et la production d’électricité.
Gérard son épouse Suzanne et son frère Henry continueront l’activité de meunerie jusqu’à l’arrêt de la production de farine panifiable en 1971, et continueront la production de farine animal jusqu’en 1990. Il a été repris par Eric Mourey en 2013, neveu de Gérard et Suzanne Daval. (Gérard et Suzanne DAVAL n’ont pas eu la chance d’avoir d’enfant)
En 2018 le moulin est en cours de restauration, les deux parties historiques sont conservées d’où la reconstruction prochaine d’une roue a augets en chêne de 4.60m de diamètre. Elle fera à nouveau tourner les deux paires de meules les élévateurs et les bluteries via un magnifique rouet de fosse reconstitué avec d’anciennes roues a alluchons. Après démontage des deux turbines, une a été restaurée en vue de produire de l’électricité pour le chauffage du moulin et de l’appartement du meunier. Le moulin sera donc remis en activité pour une production de farine de meules qui sera en partie transformée en pain dans le nouveau four à bois.
Le Moulin est bâti en pierre de taille de grès pour l’étage de soubassement et en moellon de grès enduit pour le reste de l’élévation, la minoterie comprend également une travée de logement au nord-ouest. L’étage de soubassement abrite l’atelier de menuiserie, le rez-de-chaussée les appareils de mouture et l’étage carré le plansichter, le démoucheteur, le nettoyeur et la mélangeuse. Adossés à la façade nord, les deux bâtiments d’eau, petits édicules essentés de planches, reçoivent chacun une conduite forcée. La turbine du bâtiment d’eau amont fonctionnera jusqu’en 1988 notamment pour actionner les meules et l’atelier de menuiserie; elle possède encore son canal d’amenée, avec son vannage de prise d’eau, ainsi que sa chambre d’eau. Le bâtiment situé au sud accueille des parties agricoles (étable, fenil, poulailler et un logement) , il est construit en moellon de grès enduit, avec un étage carré et un toit à longs pans couvert en tuile mécanique. Deux autres bâtiments à vocation agricole sont bâtis avec une charpente en bois et un essentage de planches.

Contact :
Eric MOUREY
Moulin d'Esfoz - 70310 Corravillers