Communication des fédérations et associations des moulins de France, des riverains de France, des étangs de France, des défenseurs du patrimoine et des milieux aquatiques du 8 septembre 2022

Sécheresse-écologie-énergie : La folle politique de destruction des retenues d’eau en France

Téléchargez le dossier complet

CommunicationAnnexe 1 illustrationsAnnexe 2 revue de presseAnnexe 3 données scientifiques

1- La politique de destruction des retenues d’eau (moulins, étangs)

Depuis une quinzaine d’années, la Direction Eau Biodiversité du Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire et les administrations qui en dépendent : Agences de l’eau et Office Français de la Biodiversité, encouragent et financent la destruction des retenues d’eau en rivière avec le soutien de la Fédération Nationale de la Pêche et de certaines associations écologistes dont l’association France Nature Environnement.

Ces retenues d’eau, constituées pour l’essentiel de milliers de chaussées de moulins à eau (petits barrages en rivière de faible hauteur), retiennent depuis des siècles des centaines de millions de m3 d’eau douce dans nos rivières, ralentissent les écoulements et jouent un rôle majeur dans le cycle de l’eau de nos vallées.

A ce jour, 3 000 à 5 000 chaussées de moulins, mais également digues d’étangs auraient été détruites en France représentant une perte de plusieurs dizaines de millions de m3 d’eau douce soustraits à nos rivières et qui ne participent dorénavant plus à l’alimentation de nos nappes comme elles le faisaient pourtant depuis des siècles (cf annexe 1 : illustrations). Des centaines de millions d’euros d’argent public ont été dépensés à l’accomplissement de cette politique unique dans notre histoire consistant à détruire un patrimoine remontant pour l’essentiel au Moyen-âge, 3ème patrimoine bâti de France après nos églises et nos châteaux.

Sur certaines rivières où toutes les chaussées des moulins ou presque ont été détruites, chaque été, la rivière est dorénavant réduite à un mince filet d’eau voir à sec, là où elle était autrefois large et profonde. Sur le Thouet, l’Oudon, la Dhuy, le Vicoin, la Vire, le Rheins et bien d’autres, la Presse régionale s’est faite l’écho cet été de la colère de riverains et de pêcheurs dénonçant ces destructions et leurs conséquences sur les milieux et des mortalités de poissons. Les eaux que retenaient ces chaussées ont disparu, asséchant partiellement ou totalement des centaines de kilomètres de rivières et de vallées. Et avec la disparition des eaux, l’essentiel des milieux aquatiques et rivulaires qui y vivaient auparavant. Il s’agit là de la plus grande catastrophe écologique de ces dernières décennies (cf annexe 2 : revue de Presse).

2- La doctrine de « renaturation-destruction », une écologie de la « table rase »

Cette politique de destruction opportunément nommée « renaturation », accuse ces milliers de petits barrages pluriséculaires d’avoir « perturbé » l’écoulement « naturel » de nos rivières, mais également de réchauffer les eaux ou d’empêcher les poissons de circuler. Pourtant les rivières françaises du XVIIIème siècle ou étaient présents 100 000 moulins à eau et leurs chaussées, contre 30 000 à 50 000 aujourd’hui, présentaient une abondance de poissons de toutes espèces, dont les fameux migrateurs, largement pêchés et consommés par nos ancêtres comme en atteste le Traité de Pêches de l’académicien Duhamel du Monceau de 1771.


Surtout, les promoteurs de cette politique qui prétendent recréer des rivières « sauvages » en détruisant ce patrimoine ancien ignorent que bien avant que nos ancêtres n’érigent par dizaines de milliers des petits barrages sur nos rivières, une espèce toute « sauvage » a fait de même pendant des millions d’années en Europe, le castor.


Les petits barrages humains ou de castors sont admirablement adaptés à la saisonnalité marquée de notre climat en permettant à la fois d’amortir les phénomènes de crue lors des fortes pluies hivernales mais également de préserver des masses d’eau importantes à l’occasion des sècheresses estivales. Ils sont de ce fait et depuis toujours au coeur de l’écologie des rivières des climats tempérés et leurs bénéfices sur la préservation des eaux, l’amélioration de leur qualité, la richesse des milieux naturels sont indiscutables (cf annexe 3 : principales données et études au sujet des effets des petits barrages en rivière).


Cette écologie de la « table rase » est par ailleurs vivement critiquée par les plus éminents spécialistes français de ces questions. M. Christian Lévêque, membre émérite de l’IRD et spécialiste des milieux aquatiques l’a admirablement résumé dans un article du Figaro de septembre 2020 consacré à la destruction des moulins à eau : « La vision actuelle de certains écologistes qui pensent que tout ce qui est modifié par la main de l’homme doit être détruit aboutit à des erreurs et des aberrations ».

3- La petite hydroélectricité entravée et détruite


Si ce patrimoine emporte globalement les mêmes effets positifs sur l’écologie de nos rivières que les barrages de castors, il offre un atout supplémentaire : celui de pouvoir produire de l’énergie verte dont le potentiel équivaut à la consommation électrique annuelle d’environ 1,5 millions de personnes (3 à 4 Twh de production annuelle). Son développement, pourtant encouragé par la loi, est entravé dans de nombreux départements par l’idéologie de destruction et son potentiel déjà en partie détruit. En Normandie, plusieurs moulins producteurs de petite hydroélectricité ont même été rachetés et détruits par des Fédérations de Pêche ou des communes avec des financements intégraux de l’Agence de l’eau Seine Normandie(cf annexe 2 : revue de Presse cas de la Vire et dossier normand disponible sur demande).

4- Les parlementaires français au secours des eaux et des rivières de France


Face à cette barbarie moderne aux effets désastreux pour la préservation de nos eaux et des milieux qu’elles abritent comme nous le voyons une nouvelle fois cet été ; nos parlementaires ont voté il y un an un article 49 de la loi « climat portant lutte contre les effets du dérèglement climatique » du 22 août 2021 interdisant ces destructions dans le cadre des obligations de « continuité écologique » (circulation des poissons migrateurs et des sédiments).
Un film complet a été réalisé sur ce sujet qui reprend à la fin certaines des brillantes interventions de nos parlementaires à l’occasion du vote de cet article accessible à cette adresse ou directement sur Youtube en tapant : « moulin article 49 ».

5- La volte-face des Administrations de l’eau, la commission « environnement » de l’Europe au secours de la doctrine de « destruction » des retenues d’eau


Pourtant, malgré ce choix législatif soutenu de la gauche à la droite de l’hémicycle, les SDAGE et les programmes d’aides des Agences de l’Eau continuent d’encourager et de financer ces destructions. Ils font actuellement l’objet de recours amiables

La volte-face des administrations françaises à l’égard du choix de la représentation nationale tente de s’appuyer sur un projet de règlement de la commission « environnement » de l’Europe nommé « restore nature » qui sera discuté prochainement et qui imposerait aux états membres la destruction des retenues d’eau sur 25 000 kms de rivières européennes. Sans même faire mention du cas français après pourtant 15 années de retour d’expérience et d’intenses débats parlementaires à ce sujet. De quoi interroger sur la sincérité de ceux qui prétendent « restaurer la nature ». En asséchant durablement nos rivières et nos vallées ?


Eu égard à la catastrophe écologique que représentent ces milliers de destructions de retenues d’eau dont nous mesurons une nouvelle fois les conséquences dramatiques cet été, les associations et fédérations de riverains, moulins, étangs, protection du patrimoine historique et des milieux naturels demandent :
Le retrait des incitations règlementaires et financières illégales à la destruction des retenues d’eau en rivière maintenues dans les SDAGE et les programmes d’aides des Agences de l’eau.
• Que des aides soient enfin octroyées dans ces programmes à « l’entretien et à la gestion » des retenues conformément à la loi (article L214-17 du Code de l’Environnement).
• Que les Fédérations de moulins, étangs, riverains soient enfin admises à siéger aux Comités de bassin dont elles sont à ce jour exclues ce qui interroge sur la légalité de leurs décisions en l’absence d’acteurs de tout premier plan à la gestion des eaux.
• Qu’une commission d’enquête parlementaire soit mise en œuvre afin de faire toute la lumière sur cette politique de destruction.
• Que sur certains cours d’eau aujourd’hui totalement à sec à la suite de ces multiples destructions, les chaussées soient reconstruites afin de garantir la préservation des eaux et des milieux aquatiques lors des saisons sèches.


Nous appelons enfin les parlementaires français et européens à œuvrer afin de s’opposer au vote de la proposition émanant de la commission environnement de l’Europe visant à détruire les retenues d’eau sur 25000 kms de rivières européennes.

Pour l’Association Hydrauxois : Charles CHAMPETIER

Pour l’Association des Etangs de France : Xavier MARECHAL

Pour l’Association des Riverains de France : Monique RIEUX

Pour la Fédération des Moulins de France : Alain EYQUEM

Pour la Fédération des Associations de sauvegarde des Moulins de France : Pierre MEYNENG

Pour La Fédération Patrimoine Environnement : Alain de la BRETESCHE

Contact Presse : Mme Claudine SEBILLE 06 80 14 20 20 claudine.sebille.ffam@gmail.com

Laisser un commentaire