Histoire des moulins à vent de Tchéquie et de Moravie

par Jan Doubek Ingénieur. Président de la section Moulins du Musée technique de Brno.

Résumé d’un article de 5 pages avec photos et plans

La République tchèque, ou Tchéquie, en Europe centrale, regroupe les régions historiques de Bohême et de Moravie, avec une partie de la Silésie. Elle naît le 1er janvier 1969 de la fédéralisation de la Tchécoslovaquie et est indépendante depuis le 1er janvier 1993 à l’occasion de la scission de la République fédérale tchèque et slovaque, dernière forme de gouvernement de la Tchécoslovaquie. Elle fait partie de l’Union européenne depuis le 1er mai 2004. La République est divisée en 14 régions administratives et 6 254 communes. Prague, la capitale, a également le statut de région, elle est située au centre de la Bohême. Capitale de la Moravie, Brno (en allemand : Brünn) est la deuxième ville du pays (405 000 habitants), et est située au confluent des rivières Svitava et Svratka.

La mention la plus ancienne concernant le moulin à vent sur le territoire de Bohême se trouve dans la Chronique de Cosmas : en 1277 un moulin à vent fut érigé dans le jardin du Cloître de Strahov, à Prague. Il fut construit en période de disette par l’abbé Siegfried qui dirigeait le cloître des Prémontrés. En 1281, lorsque le moulin fut déraciné par le vent, l’abbé le fit reconstruire. Le moulin fut anéanti probablement pendant la Guerre de Trente ans, par les Suédois.

A partir de cette date, d’autres moulins sont construits sur les terres de Bohême, de Moravie et de Silésie sous l’égide des cloîtres, des féodaux et des villes. Les moulins à vent complétaient le réseau des moulins à eau et, progressivement, ils remplaçaient les petits moulins manuels peu efficaces. Une autre mention de moulin à vent apparaît dans l’urbar (livre des possessions des féodaux et des obligations des sujets) d’un archevêque en 1390.

 

Le premier moulin à vent mentionné en Moravie se dressait à Bavorov dans la région d’Opava, en 1440. L’illustration tchèque la plus ancienne et la plus connue d’un moulin à vent est la xylographie coloriée de la Bible de Kutna Hora, datée de1489. Le moulin représenté est maçonné, à 3 axes de fenêtres et avec 4 ailes dessinées de manière détaillée[i]. Mais il ne s’agit pas d’un moulin tchèque, le dessin fut probablement repris d’une bible allemande, lors de la traduction. D’autres illustrations importantes du moulin à vent de type allemand à Prague datent de 1562 et des années suivantes.

 

Ce sont les travaux de Vaclav Burian et de Ota Pokorny qui sont les plus importants pour déterminer les lieux où se trouvaient les moulins à vent en Bohême. Ils en ont identifié en tout 901, dont 216 en Bohême et 685 en Moravie et en Silésie. L’inventaire des moulins à vent à turbine n’a été commencé que seulement depuis dix ans et il n’est pas encore terminé. Pour le moment, nous avons réussi à en trouver 70.

 

Essor des moulins à vent en Bohême

L’implantation des moulins à vent dépendait des conditions hydrologiques. Ils furent construits aux endroits où l’on ne pouvait pas moudre le blé avec des moulins à eau, beaucoup plus efficaces. Il n’y avait pratiquement pas de moulins à eau dans la région de grès de la rivière Labe. Les calcaires et les grès perméables ne permettent pas la création d’un réseau de cours d’eau apparents. Cela entraîne l’assèchement fréquent des ruisseaux à la fin de l’été et de l’automne, éventuellement le gel en hiver. Dans ces régions, le manque de moulins à eau est compensé par la construction de moulins à vent. L’existence de vents réguliers et constants est une condition importante. C’est pourquoi on trouve le plus grand nombre de moulins à vent dans les régions où ces 2 conditions existent, et cela par exemple en Moravie centrale et septentrionale. En Bohême, le nombre d’emplacements est bien moindre. Les moulins à vent se trouvaient surtout dans les zones montagneuses de la Bohême du nord-ouest. Le bassin tchèque, entouré par les montagnes n’offre pas une circulation d’air convenable et, pour cette raison, les moulins à vent s’y trouvent rarement.