Le moulin de Penn ar Stank au lieu-dit Luzéoc à Telgruc-sur-mer a retrouvé une nouvelle jeunesse

Extrait d’un article de deux pages avec photos de Christian Moureaux , photos Christian Moureau et Georges Le Fouest

 

L’histoire du moulin de Luzéoc, connu à ses débuts sous le nom de Pen ar Stang, lieu d’habitation de ses premiers propriétaires, a débuté entre 1832 et 1836. Il a été construit par Jean Marchadour, époux de Louise Labasque, demeurant à Penn-ar-Stank (première apparition en 1836 de la famille Marchadour dans le tableau de recensement de la population telgrucienne). Le 26 février 1872, il est vendu à Jean Alix, meunier, propriétaire du moulin à eau du Caon, époux de Barbe Marie Boussard.

 

Le 8 janvier 1887, leur fille Marguerite Alix, épouse d’Hervé Carn, vend le moulin à Noël Kéravel, époux de Marie-Anne Trétout, à Penn-ar-Stank, comme l’indiquent les inscriptions sur les jambages des portes : K/AVEL Noël au sud et 1887 au nord. Noël Kéravel (1842 – 1924) y exerce l’activité de meunier jusqu’à la Première Guerre mondiale. Son fils Yves, né en 1884, continue l’activité de meunerie, mais il est tué le 20 octobre 1915 laissant comme seul héritier son fils Noël, né le 31 juillet 1914.

 

Le moulin se détériore au fil du temps, perd ses ailes. Son toit de chaume, non entretenu, commence à subir les intempéries dès les années 1920, et dans les années 1950 il n’en reste plus que la tour. En 1972, la parcelle du moulin appelée ar veil aël est achetée par la famille Nédelec-Jaffredou. La bâtisse, jamais entretenue, se délabre sous l’effet du temps, les nouveaux propriétaires faisant tomber régulièrement les pierres qui pouvaient être menaçantes pour leur sécurité.

 

En 2012, le terrain ayant été mis en vente, l’association EOST, sous l’impulsion de Christian Moureaux, a incité la commune à son acquisition en vue de procéder à la restauration du moulin. L’état de la ruine ne permettant pas de repartir de l’existant, elle a été abattue.

 

Ainsi la reconstruction du moulin a pu être envisagée en utilisant exclusivement les pierres d’origine avec le concours de l’association des amis des moulins du Finistère, dont le siège est à Daoulas, et de son président Benoît Huot, de la Fondation du patrimoine (l’opération de souscription a été suivie par 146 donateurs, dont près de la moitié de personnes n’habitant pas Telgruc), du Conseil régional de Bretagne et du Département du Finistère.

 

A la suite d’un appel d’offres, le marché de la tour a été confié à l’entreprise Mein Breizh, spécialisée dans la rénovation, et celui de la menuiserie (coiffe, système de mouture, ailes, etc…) à l’entreprise de Gilles Morio, de Plerneuf dans les Côtes-d’Armor, charpentier amoulageur, élève et successeur du regretté Jean Peillet.

 

Il s’agit d’un moulin tour d’une hauteur de 5,8 m pour un diamètre intérieur à la base de 3,85 m (4,05 m au 1er étage) et des murs de 85 cm (65 cm au 1er étage). Ses ailes, constituées de 2 vergues fixées en décalé sur l’arbre moteur sur lesquelles des scions ont été fixés comportant chacun 14 barreaux, ont une envergure de 13,15 m. Chaque aile porte 2 voiles de 5 m x 1 m confectionnées à partir de toile nautique par la voilerie La Camarétoise. Pour éviter d’avoir à grimper sur les ailes pour les fixer, Gilles Morio a trouvé un système permettant de les faire monter à partir du sol. Il a ainsi installé un système de drisses qui s’avère très satisfaisant. Gilles Morio est un élève de Jean Peillet. La mise du toit a eu lieu le 20 mai, jour anniversaire de la mort de Jean il y a 4 ans déjà.

 

Le chantier de reconstruction a débuté le 16 décembre 2015 et la réception des travaux a été effectuée le 10 juillet 2016 pour une inauguration le 16. Depuis l’ouverture au public du site, l’association EOST est chargée des visites guidées, Témoignage vivant de l’histoire de Telgruc-sur-Mer, le moulin de Luzéoc est devenu le fleuron de son patrimoine culturel.